La question de l'avenir du travail a envahi la société.
Les affrontements sur ce sujet révèlent les limites des politiques mises en oeuvre, dans tous les pays développés, pour endiguer l'effritement du salariat. A ce jour, aucune expérience nationale n'a fourni de solution contre le chômage, la montée des inégalités et la pauvreté. Ce débat est de plus en plus présenté comme un débat pour ou contre la fin du travail. Comme s'il s'agissait de choisir entre une option réaliste, qui ferait de la création d'emplois l'impératif catégorique, et une option utopiste, qui réclamerait un changement des mentalités pour faire face à la disparition progressive du travail.
Le présent essai s'insurge contre une telle alternative et s'attache à définir en quoi le travail constitue aujourd'hui une nouvelle question politique. Car l'ancien clivage entre l'économique et le social n'est plus approprié aux mutations. Penser le futur du travail suppose donc de comprendre son évolution en cours, afin de décider collectivement quel travail nous voulons et dans quelle société.
Le plus important est de redécouvrir, à côté de la dualité marché-Etat, un troisième pôle : celui de la société civile et de la réciprocité. C'est en s'appuyant sur ce dernier que l'on pourra aborder autrement la question du travail et renouveler la conception de la solidarité. Des expériences ont été faites dans ce sens, leur devenir dépend d'une nouvelle articulation entre pouvoirs publics et société.