Mon antiracisme
Pourquoi je ne suis ni décolonial, ni libéral
Confronté dès son enfance à la discrimination en raison de sa couleur de peau, Kévin Boucaud-Victoire connaît intimement la question du racisme et n'est pas dupe de ses conséquences néfastes pour la société dans son ensemble. Cependant, il ne souscrit pas de manière aveugle aux deux principaux courants antiracistes qui dominent l'espace public, à savoir, l'antiracisme « moral » et celui autoproclamé « politique ».
Selon l'auteur, ces deux courants se trompent de combat : l'antiracisme moral ou libéral (popularisé par SOS racisme dans les années 80) occulte la question centrale de la lutte des classes et des méfaits du capitalisme ; l'antiracisme politique ou identitaire (dont se réclament notamment les Indigènes de la République) communautarise à l'excès ses luttes.
À la suite, entre autres, de Bobby Seale, mais aussi en France de Florian Gulli ou de Nedjib Sidi Moussa, Kévin Boucaud-Victoire souhaite combattre le racisme non pas par le racisme, mais par la solidarité. D'où sa proposition d'un antiracisme socialiste qui fasse droit à un nouvel universalisme pour bâtir un front commun avec tous les oubliés de la République, incluant mais dépassant les simples racisés.
Kévin Boucaud-Victoire est journaliste, rédacteur en chef des pages « Débats/Idées » de l'hebdomadaire Marianne. Il est l'auteur de trois biographies : George Orwell. Écrivain des gens ordinaires (Première Partie), Mystère Michéa (éditions de l'Escargot), Frantz Fanon. L'antiracisme universaliste (Michalon) et de deux essais : La guerre des gauches (Cerf), Penser le rap (éditions de l'Aube).